FOCUS – Le CHU Grenoble-Alpes, ou Chuga, a fait connaître le 18 novembre ses orientations et ses choix stratégiques en matière de projets d’investissement pour 2016 – 2020. S’en dégagent une volonté forte d’améliorer et d’optimiser, tant la prise en charge des patients que les questions d’aménagement… ou de management.
« L’innovation au service de la santé », tel est le titre et le mot d’ordre des orientations stratégiques 2016 – 2020 du CHU de Grenoble, qui souhaite aujourd’hui répondre à l’acronyme Chuga, pour Centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes.
Les objectifs ? Améliorer le fonctionnement d’un service public essentiel qui a la particularité, rappelle Éric Piolle, maire de Grenoble et président du Conseil de surveillance du CHU, de fonctionner 24 heures sur 24. Ces améliorations devraient porter sur toutes les thématiques, depuis la prise en charge des patients jusqu’à la formation des personnels de santé, la recherche ou le management.
L’accent sur des publics ciblés
Parmi les orientations présentées, deux visent à mettre l’accent sur des publics très ciblés. Le Chuga veut ainsi « développer et valoriser l’offre dans le domaine du cancer et des maladies chroniques. » L’Isère connaît en effet une véritable « fuite des patients » atteints de cancer vers d’autres départements, souligne et déplore le professeur Jean-Pierre Zarski, président de la Commission médicale d’établissement (CME).
Face à cet « enjeu de santé publique », le CHU veut notamment mieux exploiter la multidisciplinarité et le partage des tâches, limiter le recours aux hospitalisations pour un meilleur suivi des patients dans la durée, mais aussi « promouvoir une nouvelle relation de confiance ».
Deuxième enjeu stratégique fort : le développement d’une offre adaptée « aux personnes fragiles ». « Dans un contexte social et économique difficile, le CHU reste un lieu d’accueil pour tous les patients de notre territoire, qui doivent avoir accès à une prise en charge adaptée en fonction de l’âge et des handicaps, qu’ils soient physiques, psychiques ou sociaux. Il faut s’adapter au vieillissement de la population et à ses difficultés », estime Jean-Pierre Zarzki.
Prise en charge adaptée toujours, lorsque le Chuga met en avant une « optimisation des flux saisonniers ou aléatoires ». Objectif : anticiper les variations prévisibles (liées à la saison de ski, aux périodes de vacances ou aux week-ends) mais aussi prévoir l’accueil des patients atteints d’infections très contagieuses. En plus des questions de santé publique, le Chuga ne cache pas les enjeux d’image que la gestion d’épidémies, souvent très médiatisées, peut représenter.
En collaboration avec les patients
Autant d’ambitions qui s’accompagnent de priorités définies, notamment la volonté d’offrir des « perspectives de carrière attractives ». « Des leviers pour fidéliser le personnel médical et attirer des chercheurs ou des praticiens qui viendront, eux aussi, contribuer à la performance de santé du service public », fait ainsi valoir Éric Piolle.
Si les questions de management, de gestion de personnel ou de carrière se sont invitées dans les orientations du Chuga, les patients ont également été impliqués dans les prises de décisions. Raymond Merle, membre de l’Université des patients, tient à le souligner : « Dans cet établissement, il y a une vraie volonté médicale et politique. En tant que représentants des usagers, nous faisons partie du Conseil de surveillance. Nous sommes force de proposition et avons vraiment une très bonne collaboration avec l’établissement. »
Florent Mathieu
182 millions pour rénover l’hôpital Michallon
Si les projets d’investissement demeurent en grande partie théoriques pour le moment, des réalisations concrètes font d’ores et déjà partie des nouvelles orientations, dont la rénovation du site de l’hôpital Michallon. Ce sont ainsi 182 millions d’euros qui seront investis dans des travaux destinés à améliorer, rationaliser, ou simplement embellir la structure.
« Tous les jours, je passe sur la terrasse Michallon, et tous les jours je déprime, confie Philippe Declety, anesthésiste-réanimateur. Notre architecte nous réserve un projet plus humanisé pour la terrasse Belledonne, de même que pour le hall, qui sera désormais au rez-de-chaussée. Nous aurons la chance de ne plus voir nos patients faire de l’escalade tous les matins avec grande difficulté ! »
Mais au-delà de l’aspect technique, des réaménagements amélioreront la vie des patients et des personnels, ou faciliteront leur prise en charge, notamment sur des cas d’extrême urgence tels que les AVC ou les fractures du myocarde. Sont concernés, par exemple, les patient qui arrivent au moyen d’un hélicoptère qui se pose actuellement à l’extérieur de la structure.
« Ces urgences graves, vitales, arriveront par une hélistation qui se fera sur le toit du bâtiment, et le patient arrivera directement dans le service de soins critiques, sans passer par les étapes de transfert dans une camionnette, attente dans les ascenseurs, et ainsi de suite », se félicite encore Philippe Declety.