EN BREF – Comme un peu partout en France ce mercredi 19 octobre, des policiers se sont regroupés spontanément rue Félix Poulat à Grenoble. Après les rassemblements qui ont suivi l’attaque au cocktail Molotov de leurs collègues de Viry-Châtillon, ils entendaient une nouvelle fois exprimer leur « ras-le-bol » du manque de soutien de la classe politique et du gouvernement.
Mercredi 19 octobre en fin d’après-midi, rue Félix Poulat à Grenoble. Plus d’une centaine de policiers, en tenue ou en civil, sont regroupés à côté de leurs véhicules de services, tous gyrophares allumés.
Pas de banderoles. Ils discutent par petits groupes et la gravité de leurs mines en dit long sur le ras-le-bol qu’ils sont tous venus exprimer.
« Nous ne sommes pas à l’origine de ce rassemblement. Cette action est spontanée », tient à préciser Yannick Biancheri, le secrétaire départemental SGP Police FO Isère. En cause, l”« inaction du gouvernement » et le « manque de soutien » ressentis par la majorité d’entre eux.
« Un criminel ce n’est pas un sauvageon ! »
Amplificateur du malaise, le terme de « sauvageons » employé par Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, pour qualifier les auteurs de l’attaque de Viry-Châtillon. Un euphémisme qui est très mal passé chez les policiers. « Les qualifier de sauvageons, c’est se foutre de la gueule du monde ! Appelons un chat un chat, un criminel ce n’est pas un sauvageon ! », tempête un policier en tenue.
Mais le dépit des policiers ne s’arrête pas là. « On en a ras-le-bol ! Aujourd’hui, on risque plus à ne pas payer son stationnement qu’à commettre un délit ! », s’exaspère un autre fonctionnaire. Et puis il y a aussi le sentiment d’un laxisme général, que la justice ne les suit pas. De quoi exacerber une certaine rancœur dans leurs rangs.
« Quand vous interpellez le même individu quatre fois dans le même mois et qu’il n’y a aucune réponse judiciaire, c’est désespérant. Il faut qu’il y ait une sanction et ce dès le premier acte de délinquance », explique un policier en tenue.
Et d’ajouter. « Nous voulons que la justice fasse son travail correctement. Nous ne demandons pas que tout le monde aille en prison, tempère-t-il, mais qu’il y ait une réponse judiciaire systématique ».
« Nous, on ne nous fait pas de cadeaux »
« Nous, on ne nous fait pas de cadeaux, on n’a pas droit à l’erreur, contrairement à un délinquant auquel on se contentera de faire un rappel à la loi. Nous, quand on commet une faute, on la paye cash », souligne le fonctionnaire. Qui rappelle, en faisant référence aux récentes manifestations, que pour leur part cela fait des mois « qu’ils se font taper dessus et insulter ».
Joël Kermabon