Matthieu Chamussy et Jérôme Safar © Joël Kermabon - Place Gre'net

Safar et Chamussy unis contre le “Plan de sau­ve­garde des ser­vices publics”

Safar et Chamussy unis contre le “Plan de sau­ve­garde des ser­vices publics”

FOCUS – Jérôme Safar et Matthieu Chamussy se sont fen­dus, ce jeudi 7 juillet, d’une lettre com­mune adres­sée à Éric Piolle, le maire de Grenoble. Un cour­rier en forme d’ul­ti­ma­tum qui pour­fend le plan de sau­ve­garde du ser­vice public muni­ci­pal annoncé le 9 juin der­nier. Fustigeant l’ab­sence de débat devant les élus, les deux pré­si­dents de groupe exigent notam­ment que la popu­la­tion soit consultée. 

Jérôme Safar lors du conseil municipal de juin 2016. © Joël Kermabon - Place gre'net

Jérôme Safar lors du conseil muni­ci­pal de juin 2016. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Le plan de sau­ve­garde du ser­vice public muni­ci­pal annoncé le 9 juin par Éric Piolle, maire de Grenoble, n’en finit pas de pro­vo­quer des remous et de sus­ci­ter les com­men­taires de tous bords dans le Landerneau poli­tique gre­no­blois. Suite aux vives cri­tiques qui ont fusé avant même que l’an­nonce ne soit publi­que­ment dévoi­lée et les jus­ti­fi­ca­tions appor­tées par l’ad­joint aux finances Hakim Sabri, la polé­mique prend un tour nouveau.

Une coa­li­tion inédite

C’est en effet une coa­li­tion inat­ten­due, voire inédite, que celle de Matthieu Chamussy, le pré­sident du groupe Les Républicains – UDI et Société civile, et de Jérôme Safar, le pré­sident du groupe Rassemblement de gauche et de pro­grès qui ont cosi­gné, ce 7 juillet, un cour­rier sans conces­sion adressé à Éric Piolle.

Les deux élus dénoncent avec vigueur le plan de sau­ve­garde du ser­vice public muni­ci­pal. Selon ces der­niers, celui-ci se carac­té­rise essen­tiel­le­ment « par la fer­me­ture de nom­breux équi­pe­ments publics, de mul­tiples hausses de tarifs et la réduc­tion des horaires d’accès du public aux gui­chets admi­nis­tra­tifs ».

Manifestation contre le plan de sauvegarde des services publics© Joël Kermabon - Place Gre'net

© Joël Kermabon – Place Gre’net

Quant à la méthode, elle ne trouve pas plus grâce à leurs yeux, les élus poin­tant amè­re­ment l’ab­sence de débat.

« Ce plan, qui n’a été débattu avec per­sonne, n’a même pas fait l’objet de déli­bé­ra­tion du conseil muni­ci­pal », déplorent les deux présidents.

Bien que le plan ait tout de même été pré­senté aux élus lors d’une com­mis­sion “Ressources”, Jérôme Safar et Matthieu Chamussy estiment n’a­voir eu com­mu­ni­ca­tion que « d’in­for­ma­tions suc­cinctes » au cours d’une réunion « qui a fait l’objet de décla­ra­tions invrai­sem­blables sur le mon­tant des recettes et des éco­no­mies atten­dues ».

Mieux, les élus consi­dèrent que les­dites éco­no­mies « auraient été esti­mées “à la louche” », de l’a­veu même de la direc­trice de cabi­net, rap­portent-ils. Quant à l’é­vo­ca­tion du calen­drier de fer­me­ture des équi­pe­ments, les cosi­gna­taires de la lettre le décrivent « à la fois très flou et contra­dic­toire avec cer­taines décla­ra­tions d’ad­joints ».

« Totale contra­dic­tion » entre ce plan et les enga­ge­ments de campagne ?

Après cette volée de bois vert, Jérôme Safar et Matthieu Chamussy en viennent au fond. « A ce stade […], nous vou­lons vous rap­pe­ler deux exi­gences fon­da­men­tales, qui dépassent lar­ge­ment les ques­tions de gauche et de droite, tant elles doivent gui­der tout res­pon­sable en charge d’un man­dat public », tancent-ils.

Matthieu Chamussy lors d'une séance du conseil municipal. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Matthieu Chamussy lors d’une séance du conseil muni­ci­pal. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Quid de ces exi­gences ? En pre­mier lieu, les élus enjoignent l’é­quipe muni­ci­pale de publier « sans délai » la liste exhaus­tive des 102 mesures du plan de sau­ve­garde. Et exigent « pour cha­cune d’entre elles les recettes ou les éco­no­mies atten­dues et le calen­drier de sa mise en œuvre ».

En second lieu, les élus mettent en avant l’exi­gence démo­cra­tique. Dans leur ligne de mire, la « totale contra­dic­tion » que repré­sente le plan pré­senté avec les enga­ge­ments de cam­pagne d’Éric Piolle.

Pour les deux pré­si­dents, une telle dis­so­nance n’a qu’une solu­tion. « Il vous appar­tient de mettre en œuvre une pro­cé­dure de consul­ta­tion de la popu­la­tion pour véri­fier son assen­ti­ment ou consta­ter son désac­cord et en tirer les consé­quences », cha­pitrent-ils Éric Piolle. Et de conclure : « En toute hypo­thèse, cette pro­cé­dure doit être conduite avant le vote du bud­get 2017. »

« Les tenants de l’an­cien sys­tème, de l’an­cien monde, se regroupent »

Un cour­rier qui ne sur­prend aucu­ne­ment Laurence Comparat, conseillère muni­ci­pale délé­guée à l’Open data et aux logi­ciels libres. Pour elle, cette lettre com­mune n’est qu’un épi­phé­no­mène tra­dui­sant, au fond, une cer­taine cohé­rence. « On voit bien que les tenants de l’an­cien sys­tème, de l’an­cien monde se regroupent […] Même au niveau natio­nal, où les socia­listes sou­tiennent la dérive droi­tière du gou­ver­ne­ment, que ce soit pour la loi tra­vail, la déchéance de natio­na­lité, ou quand ils votent sans bar­gui­gner le désen­ga­ge­ment de l’État en direc­tion des col­lec­ti­vi­tés locales. […] Il y a fina­le­ment une cohé­rence », finit par railler l’é­lue, goguenarde.

Laurence Comparat. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Laurence Comparat. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Et d’as­sé­ner : « Ils n’ont tou­jours pas com­pris qu’il faut évo­luer, faire face aux enjeux du XXIe siècle. Ils sont dans une cohé­rence pas­séiste, et nous, nous sommes dans une cohé­rence qui répond aux enjeux du moment. »

Pour autant, quid de la réponse de la majo­rité muni­ci­pale aux semonces du duo de cir­cons­tance ? « La réponse appar­tient aux Grenoblois.

Les pos­tures poli­ti­ciennes sont une chose mais il y a d’autres inquié­tudes qui s’ex­priment qui, elles, sont tout à fait légi­times. » La conseillère muni­ci­pale l’af­firme, les inquié­tudes des habi­tants sont enten­dues, il est nor­mal qu’elles s’ex­priment et le débat reste ouvert. « L’espace de dis­cus­sion, à l’in­té­rieur du cadre du désen­ga­ge­ment de l’État et du plan de sau­ve­garde des ser­vices publics locaux, reste ouvert à toutes les per­sonnes de bonne volonté […] Nous serons tou­jours plus intel­li­gents à plu­sieurs ! », assure-t-elle.

« Nous étions pris par le temps, il fal­lait bou­cler le bud­get 2017 »

Concernant la pre­mière exi­gence, la publi­ca­tion de l’in­té­gra­lité des mesures de sau­ve­garde, l’é­lue balaie d’une piche­nette l’i­dée même qu’elles seraient dis­si­mu­lées. « Toutes les infor­ma­tions ont été ren­dues publiques, dans un pre­mier temps en direc­tion des agents de la Ville. C’était un préa­lable qui n’é­tait pas négo­ciable. Les infor­ma­tions seront four­nies aussi au fur et à mesure parce que ce plan de sau­ve­garde va s’é­ta­ler sur deux années. Il va s’af­fi­ner au fil du temps. »

Manifestation des agents de la ville lors du conseil municipal de juin 2016 contre le plan de sauvegarde des services publics. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Manifestation des agents de la Ville lors du conseil muni­ci­pal de juin 2016. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Quant à la contra­dic­tion repro­chée du plan avec les pro­messes de cam­pagne d’Éric Piolle – notam­ment le sen­ti­ment qu’au­raient les habi­tants de ne pas avoir été concer­tés – elle est tota­le­ment assu­mée par la majo­rité muni­ci­pale. « Nous assu­mons com­plè­te­ment cette dimen­sion, avec la part de frus­tra­tion qu’elle génère », recon­naît volon­tiers Laurence Comparat.

Elle en veut pour jus­ti­fi­ca­tion que, pour avoir une vision glo­bale du ser­vice public de la Ville dans toutes ses dimen­sions, cela néces­si­tait avant tout un tra­vail en interne. « Non pas que les habi­tants ne soient pas capables de l’ap­pré­hen­der, bien au contraire. […] Mais nous étions pris par le temps, il fal­lait bou­cler le bud­get 2017. […] Malheureusement, tout ce temps d’ex­pli­ca­tion et d’ap­pro­pria­tion glo­bale ne va pou­voir venir, pour les habi­tants, qu’a­près. Il était impos­sible pour nous de faire autre­ment. »

Joël Kermabon

Joël Kermabon

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

Le groupe Société civile d'Alain Carignon édite un livret pour fustiger les 10 ans de mandat d'Éric Piolle
Le groupe Société civile d’Alain Carignon édite un livret sur les 10 ans de man­dat d’Éric Piolle

FOCUS - Le groupe d'opposition de Grenoble Société civile a édité un document d'une douzaine de pages dressant le bilan des dix ans de mandat Lire plus

StopMicro revendique une "victoire" après la suspension du projet d'extension de Soitec sur Bernin
Suspension du pro­jet d’ex­ten­sion de Soitec à Bernin : StopMicro reven­dique une « victoire »

FLASH INFO - Le collectif StopMicro revendique une victoire alors que l'entreprise Soitec vient de suspendre son extension prévue sur la zone d'activité économique de Lire plus

Domène : l’élu RN Quentin Feres s’op­pose à une lec­ture théâ­trale, qua­li­fiée de « pro­mo­tion du wokisme », à la médiathèque

EN BREF - Le conseiller municipal Rassemblement national de Domène Quentin Feres, membre de la majorité, s'oppose à l'organisation d'une lecture théâtrale du livre La Lire plus

"Arabes de service": deux élues grenobloises portent plainte contre une troisième pour injure raciste
« Arabes de ser­vice » : deux élues gre­no­bloises portent plainte contre une troi­sième pour injure raciste

FOCUS - La Ville de Grenoble a validé l'octroi de la protection fonctionnelle en faveur de ses élues Salima Djidel et Kheira Capdepon contre une Lire plus

À la Métropole de Grenoble, le débat sur la compétence "nappes souterraines" tourne en eau de boudin
À la Métropole de Grenoble, le débat sur la com­pé­tence « nappes sou­ter­raines » tourne en eau de boudin

FOCUS - Une délibération pour modifier les statuts de la Métropole de Grenoble a donné lieu à de nouveaux échanges au vitriol lors du conseil Lire plus

"Nomadisme, déni de civilisation": le PCF 38 dénonce les propos du maire de Villette-d'Anthon
« Nomadisme, déni de civi­li­sa­tion » : le PCF 38 dénonce les pro­pos du maire de Villette-d’Anthon

EN BREF - Le Parti communiste français de l'Isère a dénoncé par communiqué, le 9 avril 2024, une "stigmatisation des citoyens français itinérants" (ou gens Lire plus

Flash Info

Les plus lus

Agenda

Je partage !