FOCUS – Élue en avril 2015, la nouvelle majorité du département de l’Isère, présidée par Jean-Pierre Barbier, avait voté un ambitieux plan de relance et de redynamisation de l’économie. Dans l’escarcelle, cent millions d’euros. Après un an de recul, qu’en est-il ? Ce plan a‑t-il d’ores et déjà produit des résultats quantifiables ? Le président du département en présentait un tout premier bilan ce mardi 12 avril.
« Dans une conjoncture qui est complexe, sinistrée, c’est la responsabilité des acteurs publics que de prendre part à la relance et au redémarrage de l’activité économique. » C’est ainsi que Julien Polat, vice-président du département de l’Isère, résume le volontarisme du Département quant au plan de relance dont il assume la charge.
Un plan ambitieux, réparti sur trois ans, doté de plus de 100 millions d’euros, destiné à redynamiser l’activité économique et l’emploi en Isère. Tel était l’un des grands chantiers annoncés par Jean-Pierre Barbier lors de son investiture, le 2 avril 2015. Une année s’est écoulée, l’occasion pour l’élu de présenter, certes pas un bilan, mais les premiers résultats mesurables d’une fusée “relance” « à plusieurs étages ».
Un bonus de 10 % pour les communes et intercommunalités
Des premiers résultats « remarquables », du moins est-ce l’avis du patron du département. « Il y a eu le premier étage l’année dernière, avec le bonus de 10 % accordé aux communes et intercommunalités », commence par expliquer Jean-Pierre Barbier. En quoi consiste-t-il ? Pour tous les travaux réalisés entre avril et juillet 2015, le Département a majoré de 10 % ses taux habituels de subventions.
De quoi produire un certain effet de levier puisque beaucoup de travaux projetés par les collectivités – très pénalisées par la baisse des dotations de l’État – seraient restés dans les cartons sans cette forte incitation financière.
Ajoutez à cela une simplification des procédures de constitution des dossiers afin que les collectivités puissent répondre plus vite. Et peut-être aussi un effet d’aubaine ?
Ce sont donc 7,8 millions d’euros de subventions supplémentaires qui ont été débloqués par le Département, déclenchant 643 opérations et générant ainsi 108 millions d’euros de travaux dont l’ensemble du territoire a bénéficié.
Et avec 44 % des bonus distribués, les communes de montagne figurent en bonne place au palmarès des bénéficiaires.
Pour autant, ces travaux ne sont pas tombés dans l’escarcelle des grands groupe de BTP. « 85 % des travaux sont menés par des petites et moyennes entreprises iséroises », souligne non sans satisfaction Jean-Pierre Barbier. Une manière, selon lui, de démontrer que l’objectif initial consistant à relancer l’économie locale est atteint.
En 2016, le deuxième étage : un appel à projets
En 2016, c’est le deuxième étage, un appel à projets « exceptionnel et motivant pour les collectivités », doté de 20 millions d’euros de subventions. « Nous avons interrogé les collectivités en leur demandant quels sont les projets structurants qu’elles souhaitent mettre en place sur leurs territoires respectifs avec une subvention importante du Conseil départemental », explique Jean-Pierre Barbier.
Pour être éligibles, les projets doivent répondre à plusieurs critères. Outre le fait de contribuer à une compétence obligatoire du Département – enfance, familles, mobilité, collèges… – on leur demande d’être structurants et de participer à la production de richesse en termes d’emplois, d’activité économique et de retombées fiscales.
Mais pas seulement. Les projets doivent aussi générer des économies de fonctionnement, notamment pour ce qui concerne l’énergie, l’optimisation immobilière…
Enfin, comme dernier critère d’éligibilité, celui consistant à générer des chantiers favorisant l’emploi local n’est pas des moindres.
Il faut croire que cet appel à projets à trouvé un écho parmi les collectivités, puisque trente-trois dossiers ont d’ores et déjà été déposés générant ainsi, potentiellement, plus de 130 millions d’euros de travaux. « Bien évidemment, il va falloir que l’on fasse un choix pour ne pas déborder de l’enveloppe des 20 millions d’euros. Nous allons faire l’analyse des offres », relativise avec prudence Jean-Pierre Barbier. À cet effet, une commission permanente va se réunir au mois de juin. Il lui appartiendra de voter pour une liste des projets retenus et de définir les montants des aides respectives. « Cela donnerait, pour la deuxième année consécutive, à nouveau 100 millions d’euros pour les entreprises », se félicite le président du département.
Priorité aux collèges et aux routes
Les chantiers dont le Département est le maître d’ouvrage, qui sont donc de sa pleine compétence, constituent le troisième étage du plan de relance. Au nombre de ceux-ci, les travaux qui concernent tant son patrimoine routier que son patrimoine bâti, dont font notamment partie les collèges. Montant de l’enveloppe : 68 millions d’euros. Sur ce montant, cinq millions d’euros ont déjà été engagés, dès le début du mandat en 2015, pour la réalisation de 88 travaux urgents concernant les routes, les collèges, les transports et les protections contre les crues.
En 2016, ce sont 38,8 millions d’euros qui ont été portés au budget primitif du Département. Soit 10 millions d’euros pour les collèges, 27 pour les routes, 0,3 pour les transports, 0,5 pour les bâtiments routiers et un million d’euros pour l’entretien et la réhabilitation du patrimoine historique.
En tête des priorités, les collèges – dans un état inquiétant pour certains – et les routes, fondamentales pour attirer les entreprises, toutes deux des infrastructures très utiles aux Isérois.
« La volonté de la nouvelle majorité départementale, c’est de ne pas se retrancher derrière un discours de spectateurs. Nous voulons être pourvoyeurs de solutions et prendre des responsabilités dans une logique partenariale », expose Julien Polat. Un partenariat qui s’exerce, selon l’élu, à la fois avec les territoires, les collectivités et les acteurs du monde de l’entreprise, tout particulièrement la filière du BTP. « Une filière qui touche jusqu’aux très petites entreprises et dont on sait bien qu’elle est un thermomètre assez fidèle de la santé économique générale », souligne le vice-président.
« Les communes ont vraiment joué le jeu »
Au final, c’est un satisfecit global qu’expriment les élus départementaux. « On peut s’apercevoir, après un an de recul, que tous ces partenaires ont parfaitement répondu à la dynamique que le Département avait initiée à travers son plan de relance », souligne Julien Polat. « Les communes ont vraiment joué le jeu », se félicite-t-il. Quid des éventuels clivages politiques ? Jean-Pierre Barbier détecte le piège. « On n’est pas élus par tous mais une fois élus, nous sommes élus pour tous », déclare-t-il. Et de rajouter : « On ne peut pas jouer le jeu du clivage politique. Nous nous sommes fait accuser de plein de choses mais pas de ça… enfin, pas encore. »
Comme autre motif de satisfaction, la répartition géographique des subventions. Julien Polat décrit un dispositif de relance irriguant le département de manière homogène.
« Ce plan de relance est départemental au sens propre du terme car il n’y a pas un secteur du département qui ne soit pas directement concerné, autant pour ce qui concerne les collectivités que les entreprises », conclut-il.
L’occasion aussi pour Jean-Pierre Barbier de saluer le travail de conduite du changement effectué par les services du Département qui a permis de mener à bien le premier jet du plan de relance.
Quant aux entreprises, là aussi, les retours sont bons, assurent les élus. Le partenariat fonctionne bien, notamment à travers des rencontres régulières avec les fédérations professionnelles. Et de citer le bon point distribué par la filière BTP, lors de l’assemblée générale de la Fédération du bâtiment et des travaux publics de l’Isère qui s’est déroulée le 2 avril au World Trade Center, à Grenoble. La fédération ne saluait-elle pas alors, selon ces même élus, « le ballon d’oxygène apporté par le Département avec son plan de relance » ?
Et l’avenir ?
« L’enjeu et notre volonté sont que ce plan de relance de 100 millions d’euros devienne rapidement le plan de relance des 1000 chantiers », se prend à espérer Julien Polat. Le vice-président en est convaincu, l’objectif peut être atteint. « C’est un parti pris de notre part que de vouloir multiplier le nombre de chantiers parce que c’est ça qui nous garantit d’intéresser les entreprises locales », argumente l’élu. Et de se livrer à une explication de texte. « Si le plan de relance avait été dix chantiers à un million d’euros, là, nous aurions vu débarquer toutes les “majors” du BTP […] Le fait d’avoir des chantiers de plus petite envergure les rend accessibles aux plus petites entreprises. »
Quant à l’avenir, les élus y réfléchissent en partant du constat de l’adhésion des communes et intercommunalités au partenariat ainsi enclenché. Pour les trois années qui suivront le plan de relance actuel, s’étalant jusqu’en 2017, cela dépendra des situations financières du Département et du tissu économique local. « On peut espérer que la relance va enfin se manifester et qu’on y aura contribué », explique Julien Polat. Pas question pour autant de baisser les bras : « Nous voulons que le Département soit la locomotive qui fixe un cap et qui entraîne du monde derrière elle. Nous refusons les positions attentistes », conclut-il.
Joël Kermabon