REPORTAGE – Les “faucheurs de chaise” d’Attac et d’ANV Cop21 sont revenus devant l’agence BNP Paribas Victor Hugo à Grenoble, ce lundi 14 mars, pour une action décalée et militante : un sit-in. L’objectif ? Dénoncer les paradis fiscaux et protester contre la convocation d’un des leurs devant la police.
Les chaises étaient de retour, ce lundi 14 mars 2016, cette fois pour un véritable sit-in devant les locaux de l’agence BNP Paribas, située place Victor Hugo. Celle-là même où les associations Attac et ANV Cop21 avaient organisé le vol éclair de six chaises, le 13 novembre 2015.
Une quarantaine de militants ou de sympathisants s’était ainsi donné rendez-vous à 14 heures sur la place grenobloise. Avec comme consigne d’amener des chaises (mais pas celles de la BNP Paribas) et d’occuper en silence le trottoir jouxtant les locaux de la banque. Si le soleil et les sourires étaient de la partie, l’action n’en demeurait pas moins résolument combattive.
La raison de ce nouveau rassemblement ? « Nous sommes là aujourd’hui parce qu’une personne est entendue actuellement au commissariat de police, suite à l’action de réquisition de chaises du 13 novembre, la BNP Victor Hugo ayant porté plainte. Nous venons donc en soutien à cette personne, et pour revendiquer cette action que nous avons menée », explique Élisabeth Martinez, membre du collectif Action non-violente Cop21 et coordinatrice d’Alternatiba.
Dites-le avec des fleurs !
« L’argent se trouve dans les paradis fiscaux, et la BNP est la banque française qui a le plus de filiales dans les paradis fiscaux, dont sept dans les Îles Caïman. Nous avons réquisitionné ces chaises, que nous avons rendues le 8 février au palais de justice de Paris, en disant que l’argent pour le climat existe et que nous rendrons les chaises lorsqu’ils rendront l’argent qui se trouve dans les paradis fiscaux », poursuit la militante.
Les consignes sont claires : l’occupation doit être silencieuse, et pas question d’entrer dans l’agence de la BNP Paribas. Deux militants feront toutefois une entorse à la règle. Nanti d’un joli bouquet de fleurs, ils demanderont à rencontrer le directeur de l’agence afin de le lui offrir. « Réquisitionner ces chaises c’était de l’humour. Noir, certes, mais de l’humour. Comme ils prennent cela très au sérieux, on choisit de nouveau de jouer la carte de l’humour », explique la porteuse du bouquet.
De belles jonquilles accompagnées d’un mot : « On vous le dit avec des fleurs. Dérision, humour. Ayez l’extrême amabilité de bien vouloir quitter les paradis fiscaux. »
Le bouquet, remis à un employé de l’agence, arrivera bien dans les mains du directeur de l’établissement. Qui a expliqué avec le sourire préférer recevoir des fleurs que se faire « voler des chaises », mais n’a pas souhaité s’exprimer plus avant pour la presse. Et encore moins poser avec le bouquet.
« Tous faucheurs de chaises ! »
Pendant ce temps, à l’extérieur, des militants déploient une banderole, distribuent des tracts aux passants, et relaient silencieusement des messages, à l’aide de lettres détachables : « Tous faucheurs de chaises » (et non « de fraises », comme certains passants croiront lire) ou « Évasion fiscale ».
L’objectif était d’occuper les lieux jusqu’à ce que la personne convoquée soit sortie du commissariat. Ce qui fut le cas une heure plus tard, à 15 heures, sous les applaudissements des militants. Et toujours sous un beau soleil… qui ne valait sans doute pas celui des Îles Caïman.
Florent Mathieu