EN BREF – Une dizaine de distributeurs d’histoires courtes ont investi l’espace public grenoblois. Dans les bibliothèques, à l’Hôtel de ville ou à l’office de tourisme, Short Édition, l’éditeur communautaire basé à Grenoble, couche la littérature sur… des tickets.
Short Édition, l’éditeur communautaire de littérature courte, investit les espaces publics de Grenoble. Huit sites, bibliothèques mais aussi office de tourisme et mairie, accueillent désormais les bornes du jeune éditeur isérois. Des bornes un peu particulières puisqu’il s’agit de distributeurs d’histoires courtes.
En tout, 600 œuvres sont proposées à la lecture. Des œuvres courtes, d’une, trois ou cinq minutes à lire sur des tickets. Pour l’éditeur numérique grenoblois, ces premières installations ont valeur de test. « C’est vrai que c’est un peu un ovni mais la plasticité du court est très bien adaptée », souligne Christophe Sibieude, cofondateur et président de Short Édition.
Plus de six millions de lectures d’œuvres
Short Édition est devenu un adepte du contre-pied. Le jeune éditeur grenoblois s’est d’abord fait une place sur la toile, sans pour autant renier le papier. Chaque trimestre, les meilleures œuvres sont publiées. « On garde le papier parce qu’on y est attaché, mais on veut montrer que tous les canaux de diffusion sont possibles. »
Déjà, en 2014, Short Édition avait fait le buzz en travaillant à la mise au point d’un algorithme capable de prédire la qualité littéraire d’un texte. Une manière de pré-sélectionner les œuvres et donc de gagner du temps qui faisait planer le spectre d’une possible déshumanisation.
Depuis, la marque Bigdatext® a été déposée (à la mi-septembre) et est commercialisée auprès des grands groupes de presse comme L’Express-Roularta, entré au capital de l’éditeur en 2014.
Et Short Édition poursuit sa route. Cet été, l’éditeur a lancé un site dédié à la jeunesse avec, déjà, une trentaine d’histoires en ligne assorties de podcasts.
« L’idée est de développer la littérature pour les 8 – 12 ans et d’y ajouter un aspect pédagogique ». Outre la lecture, des ateliers d’écriture devraient, dans un second temps, être mis en place avec des classes pilotes sur Grenoble et Paris.
« Il n’existe pas d’offre jeunesse gratuite aujourd’hui, poursuit Christophe Sibieude. On doit pouvoir proposer du contenu de qualité. Le réflexe lecture passe maintenant par la tablette ».
Visiblement, le lecteur suit. Avec 138.000 lecteurs abonnés, 4.900 auteurs mis en ligne et plus de six millions de lectures d’œuvres, Short Édition a réussi à fédérer une communauté littéraire. Mais l’éditeur ne compte pas en rester là. Une seconde levée de fonds de 800.000 euros – devant être bouclée le 15 octobre – devrait permettre d’étoffer l’équipe de neuf salariés.
Patricia Cerinsek