FOCUS – A l’issue de la période estivale, les offices de tourisme de Grenoble-Alpes Métropole ont présenté leur premier bilan commun, fin septembre. Un bilan de saison globalement satisfaisant, bien que tempéré par des chiffres de fréquentation en demi-teinte selon les sites. Tour d’horizon sur l’activité touristique d’un territoire fraîchement “métropolisé”.
C’est un exercice un peu particulier auquel se sont livrés Fabrice Hugelé, président de l’office de tourisme de Grenoble-Alpes Métropole, et Yves Exbrayat, directeur de l’office du tourisme de Grenoble : présenter, en cette fin septembre, le premier bilan estival du tout nouvel office du tourisme métropolitain.
La compétence touristique est en effet du ressort de la Métropole depuis le 1er janvier 2015, quatre offices de tourisme assurant la promotion touristique des 49 communes métropolitaines : Grenoble, le Sud grenoblois, Sassenage et Le Sappey-en-Chartreuse.
32 622 personnes renseignées cet été
Premier constat dressé par Fabrice Hugelé : le bilan de la saison estivale est globalement satisfaisant. Pas moins de 32.622 personnes ont été renseignées du 1er juin au 31 août 2015. Un chiffre relativement constant par rapport à l’année précédente, avec environ 35 % de visiteurs étrangers. De quoi placer l’agglomération dans la cour de grandes métropoles comme Lyon, « ce qui est très rassurant pour tous les socio-professionnels du secteur et les décideurs en matière de tourisme. Et qui laisse entendre que la destination de Grenoble – Métropole a un vrai potentiel en matière de tourisme traditionnel », se félicite le président.
Un enthousiasme quelque peu tempéré par des niveaux inégaux de fréquentation. Parmi les résultats en hausse, certains points d’accueil comme la Bastille qui a renseigné 6.674 personnes et ceux du Sappey, du Sud grenoblois et de Sassenage 7.696 personnes.
Le téléphérique Grenoble-Bastille, avec une fréquentation en légère hausse, reste plus que jamais « une destination qui dépasse les frontières de la ville et même de la Métropole », s’enorgueillit le président. « On est là dans le “top 10” des sites de Rhône-Alpes. C’est la locomotive qui tire le tourisme de l’ensemble du territoire », se réjouit-il.
Dans le même temps, on observe une baisse de 16 % de la fréquentation sur le site de l’office du tourisme, rue de la République, avec 24.926 visiteurs. « L’un dans l’autre, la fréquentation est toutefois à peu près stable. Les chiffres du site de la Bastille rééquilibrent le tout », souligne Yves Exbrayat. Autre baisse de fréquentation enregistrée, celle du parc du domaine de Vizille, de – 14 %. Les visiteurs, à la recherche de fraîcheur, semblent s’être notamment repliés sur Sassenage qui enregistre, par effet de bord, une hausse de fréquentation de 44 %.
Recentrage autour du numérique
Des chiffres à relativiser toutefois. Ceux-ci dénombrent les personnes qui se sont adressées au comptoir de l’office et ont eu affaire à un conseiller en séjour. Ils ne comptabilisent pas la fréquentation réelle des sites. En effet, les modes de diffusion de l’information touristique ont évolué, les supports se sont multipliés.
Ainsi les touristes auront peut-être trouvé ce qui les intéresse dans une brochure mise à leur disposition en libre accès, sur le site internet ou via le triporteur touristique qui tourne dans les rues du centre historique. « Seul le comptage des entrées pourrait fournir des chiffres exacts », précise Yves Exbrayat.
Durant la période du 1er juin au 31 août, plus de 70.000 visiteurs uniques se sont ainsi connectés sur le site www.grenoble-tourisme.com, dont 20 % de visiteurs étrangers. Le site www.sudgrenoblois-tourisme.com a, lui, enregistré plus modestement 19.917 visiteurs uniques.
Des chiffres « en forte progression », mais qui ne sont pas à la hauteur des attentes, souligne Yves Exbrayat. En cause, la récente refonte du site internet qui a quelque peu perturbé le référencement. « C’est aussi pour nous l’occasion de nous recentrer autour du numérique car nous savons que 80 % des touristes utilisent ce canal », révèle le directeur. « Dés 2016, nous intègrerons les autres équipes des offices de tourisme de la Métropole en positionnant plus de personnel sur le web et les réseaux sociaux ».
Le musée de Grenoble, point d’ancrage touristique
L’attractivité des musées du territoire n’est également plus à démontrer, notamment celle du musée de Grenoble, qui enregistre une hausse de 67 % par rapport à 2014. Rien d’étonnant à cela « car nous sommes ici dans le “top 5” des fonds de musées en France », souligne Fabrice Hugelé. Mais ce n’est pas la seule raison. « La politique de communication menée par le musée de Grenoble, la qualité des expositions permanentes et des animations en font un point d’ancrage touristique extrêmement important pour notre destination », ajoute Yves Exbrayat. Seules ombres au tableau, les musées dauphinois et d’histoire naturelle qui enregistrent, eux, une baisse notable.
Autres produits très attractifs, tant pour les touristes que pour les locaux, les visites guidées, en hausse de 7%. « Grâce au recentrage des visites existantes et à de nouveaux produits, elles constituent le cœur de notre métier », se félicite-t-il.
Au palmarès : la visite de l’ancien palais du parlement et la visite “Hôtels particuliers et demeures anciennes”. Les balades culturelles en canoë sur l’Isère ont également séduit le public, tout comme les balades théâtralisées “L’étincelle et la Révolution” et “Panique au téléphérique”, suivies par 584 personnes.
Citons encore les quelque 1.011 touristes qui ont participé aux 94 visites gratuites proposées tout l’été sur le site de la Bastille. Un engouement qui s’explique, selon Yves Exbrayat, par le fait que « Grenoble est une ville certes culturelle mais aussi une ville sportive. Lorsqu’on apporte à nos visiteurs une approche différente de la visite piétonne du centre-ville, on voit tout de suite les fréquentations s’améliorer ».
Boom dans les boutiques souvenirs
Mais le grand succès, couronné par une croissance à deux chiffres, ce sont les boutiques des points d’information. Celle de l’office du tourisme de la rue de la République a ainsi vu son chiffre augmenter de 34 % et celle de la Bastille de 24 %. Au top des ventes : cartes postales, stylos, magnets, produits régionaux et produits estampillés « Grenoble » ou encore « Sassenage ».
De quoi envisager l’avenir avec optimisme, s’enthousiasme Yves Exbrayat. « Chaque fois qu’il y aura création d’un point d’accueil – car c’est dans nos projets – il y aura création d’une boutique parce que cela procède du bon accueil de nos visiteurs », annonce-t-il.
Quid de la concurrence que pourraient reprocher les commerçants alentours ? « Nos produits sont “ciblés” tourisme. Nous ne sommes pas dans une concurrence déloyale », objecte le directeur.
Enfin, le bilan ne serait pas complet sans que soit évoquée la bonne performance des activités hôtelières. Sur l’année, le secteur a enregistré 1,2 million de nuitées touristiques pour la seule métropole grenobloise. « Le tourisme est générateur d’importantes retombées économiques. Il représente 9 % du PIB de Rhône-Alpes et 7 % du PIB national et plus de 130 000 emplois directs. C’est, pour chaque visiteur qui passe, un panier moyen d’environ 115 euros », indique Fabrice Hugelé.
Joël Kermabon
UNE MÉTROPOLISATION SYNONYME DE RÉORGANISATION ET DE MUTUALISATION
Quid des projets ? Qu’est-ce qui va changer avec la métropolisation, dans le cadre du schéma directeur du tourisme qui sera présenté cet hiver ? « Les premières impulsions liées au passage en métropole seront l’animation et la réorganisation des équipes, la réorientation des animations qui fonctionnent et la mutualisation des outils », indique Yves Exbrayat.
« Ce sera aussi l’occasion de travailler sur l’accueil numérique des touristes de manière à cibler idéalement les points d’entrée sur le territoire et à permettre de les renseigner 24 heures sur 24. L’accueil bilingue des socio-professionnels sera également amélioré ». Concernant les personnes à mobilité réduite, un volet “Tourisme et handicap” est aussi à l’étude, autant pour l’aspect “information” que pour l’accessibilité des points d’accueil.
Autre axe de réflexion : nouer le dialogue et travailler avec l’ensemble des massifs environnant la métropole. « Les massifs autour ont besoin de la Métropole et la Métropole a besoin d’eux », commente Yves Exbrayat.
En perspective, la création de synergies pour offrir aux touristes des séjours qui prennent en compte l’aspect culturel de la ville mais aussi les loisirs de plein air. « Les marques se nourrissent les unes des autres. Grenoble n’est rien sans les montagnes et ces dernières profitent de son rayonnement », assure Fabrice Hugelé.
Autre conséquence du passage en métropole, la mise en place de la taxe de séjour auprès des socio-professionnels constitue « un point important de la construction intercommunale ». Une mise en place qui s’est opérée en bonne intelligence, selon le président. « Les hôteliers perçoivent bien que ce levier n’existait pas et que nous étions défavorisés par rapport à d’autres territoires. La Métropole dispose désormais d’une ressource non négligeable pour pouvoir parler au nom de tous ses territoires », explique Fabrice Hugelé.
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