La Casamaures dans son écrin de nature. © Ivan Mazel

La Casamaures, une oeuvre archi­tec­tu­rale locale d’ins­pi­ra­tion orientale

La Casamaures, une oeuvre archi­tec­tu­rale locale d’ins­pi­ra­tion orientale

BLOG ARCHITECTURE – Lorsque l’on parle béton et ciment à Grenoble, on pense tout de suite à l’entreprise Vicat et à la Tour Perret. Mais il y a, à Saint-Martin-le-Vinoux, une œuvre archi­tec­tu­rale d’inspiration orien­tale qui a su com­bi­ner un savoir-faire local à un style et des cou­leurs ins­pi­rés de contrées éloi­gnées. Découvrez, en com­pa­gnie de sa pro­prié­taire Christiane Guichard, l’histoire authen­tique de la Casamaures.

En sur­plomb de l’Isère, la Casamaures est cette mai­son bleu outre­mer située à quelques coups de pédale de la Porte de France. Posée sur la col­line de la Bastille, ce palais moza­rabe du XIXe siècle repré­sente un patri­moine pour l’agglomération. Nous avons eu la chance de le visi­ter au prin­temps der­nier et nous vous fai­sons part, ici, des carac­té­ris­tiques artis­tiques, construc­tives et poé­tiques qui le rendent exceptionnel.

Vue de la Casamaures depuis la Porte de France sur le contrefort ouest de la colline de la Bastille. © Ivan Mazel

Vue de la Casamaures depuis la Porte de France sur le contre­fort ouest de la col­line de la Bastille. © Ivan Mazel

Grenoble se pas­sionne pour l’Orient

Cette mai­son d’inspiration orien­tale est, tout d’abord, le sym­bole d’une époque qui s’est pas­sion­née pour l’Orient. Dans les années 1820, Jean-François Champollion, célèbre égyp­to­logue gre­no­blois, déchiffre pour la pre­mière fois les hié­ro­glyphes et lance les études sur le monde orien­tal. Autre signe du levant, des tapis­se­ries peintes nous emmènent sur les bords de la mer Noire, en pleine guerre de Crimée, dans les années 1850. Ces évo­ca­tions ne sont pas sans nous rap­pe­ler le por­trait de l’Orient que dépeint l’écrivain Pierre Loti quelques années plus tard.

La Casamaures dans son écrin de nature. © Ivan Mazel

La Casamaures dans son écrin de nature. © Ivan Mazel

Une folie artistique

Le jardin d'hiver et son style oriental. © Anthony Papillon

Le jar­din d’hi­ver et son style orien­tal. © Anthony Papillon

C’est en 1855 qu’un négo­ciant gre­no­blois acquiert la guin­guette à Saint-Martin-le-Vinoux pour y construire son rêve de mai­son. Inspiré par l’art otto­man, la Casamaures est une folie archi­tec­tu­rale pen­sée comme un véri­table palais moza­rabe immergé dans un écrin de ver­dure luxu­riant. Mais en réa­lité, ce palais est un trompe‑l’œil. Blotti contre le rocher de la Bastille, c’est à ce der­nier que la demeure doit son impres­sion­nante stature.

La mai­son pos­sède en fait moins d’une dizaine de pièces, rap­pe­lant la taille d’une mai­son bour­geoise clas­sique de l’époque. Elle n’en demeure pas moins une œuvre où est accor­dée une impor­tance à tous les aspects de l’architecture.

Le jar­din se réclame d’une réplique à échelle réduite du parc du Muséum d’histoire natu­relle de Paris. La ter­rasse qui entoure la mai­son sou­ligne le pro­mon­toire natu­rel de la col­line et en fait un lieu d’ostentation et de contem­pla­tion. Le jar­din d’hiver, struc­ture ajou­rée en bois acco­lée à la mai­son, accueille plantes et jeux d’eaux, recréant ainsi l’atmosphère des jar­dins d’Orient, tan­dis que les colon­nades rap­pellent l’architecture mauresque.

Du ciment pour une archi­tec­ture orientale

Autre point remar­quable, la Casamaures consti­tue l’une des pre­mières réa­li­sa­tions artis­tiques à base de ciment. Le maître d’œuvre pro­fite, en effet, de la proxi­mité des car­rières sou­ter­raines du Mont Rachais pour mou­ler colon­nades et autres pierres de taille. Le cal­caire extrait était alors trans­formé sur place à la cimen­te­rie de la Porte de France, sur la base d’une for­mule locale mise au point par Vicat quelques décen­nies plus tôt.

Autour de l’usine, une main d’œuvre de maçons, cer­tains arri­vés d’Italie, pré­pare direc­te­ment les com­mandes des chan­tiers de la région. Les dif­fé­rents élé­ments de construc­tion sont ainsi pré­fa­bri­qués en ate­lier, où le ciment est coulé dans des moules en bois avant d’être assem­blés sur le lieu du chan­tier. La Casamaures forme un excellent exemple de construc­tion en ciment moulé.

Un patri­moine plus reconnu à l’échelle natio­nale que locale

La Casamaures a été clas­sée comme monu­ment his­to­rique en 1992 par le minis­tère de la Culture. Mais c’est la pro­prié­taire qui a lancé les dif­fé­rents chan­tiers suc­ces­sifs de réno­va­tion, fai­sant appel à des entre­prises pour les chan­tiers de gros œuvres et à des béné­voles pour les menus tra­vaux. N’ayant pas de finan­ce­ment public, elle mène la réha­bi­li­ta­tion de ce patri­moine à par­tir des dons issus du mécé­nat privé. Christiane Guichard relève éga­le­ment des dif­fi­cul­tés au niveau de la mobi­li­sa­tion des pou­voirs publics pour l’aménagement des abords de ce patri­moine archi­tec­tu­ral par la consti­tu­tion à l’avant d’un parc public et par le déman­tè­le­ment en contre­bas des entrepôts.

Les mys­tères de la Casamaures

La Casamaures ren­ferme par ailleurs de nom­breux secrets. Parmi eux, l’origine de son nom actuel. Si la mai­son en a porté plu­sieurs, ils dif­fèrent en fonc­tion des pro­prié­taires. C’est donc à Christiane Guichard et aux affres de l’administration des monu­ments his­to­riques que l’on doit la Casamaures.

Interview de Christiane Guichard devant la maquette de la Casamaures. © Anthony Papillon

Interview de Christiane Guichard devant la maquette de la Casamaures. © Anthony Papillon

« Casa – maure » ou « casa – amore » ? Christiane Guichard nous emmène décou­vrir une par­tie du voyage qu’elle a entre­pris il y a plus de vingt ans, où se mêlent légendes et poé­sies enve­lop­pant l’origine de ce palais. Un repor­tage audio dif­fu­sée ini­tia­le­ment dans Gratianopolis, émis­sion men­suelle sur Radio Campus Grenoble (90.8).

Réalisation : Gratianopolis.

Ivan Mazel et Rémy Vigneron

IM et RV

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