Une mère de famille devant l'école maternelle de la Bajatière à Grenoble, lit les messages prévenant de la grève des agents le jour de la rentrée le 1er septembre 2015. © Séverine Cattiaux - placegrenet.fr

Grenoble : une ren­trée des classes sous le signe de la grève

Grenoble : une ren­trée des classes sous le signe de la grève

FOCUS – Manque de postes d’Atsem, heures d’entretien en baisse, rem­pla­ce­ments de per­son­nels moins rapides et donc dégra­da­tion du ser­vice public… Tel est le constat fait par un cer­tain nombre d’agents et par l’intersyndicale de la ville de Grenoble, qui appelle à une grève recon­duc­tible du per­son­nel muni­ci­pal des écoles à comp­ter de ce mardi 1er septembre.

Une maman devant le panneau d'informations du Groupe scolaire Ferdinand Buisson à Grenoble. © Séverine Cattiaux - placegrenet.fr

Une maman devant le pan­neau d’in­for­ma­tions du groupe sco­laire Ferdinand Buisson à Grenoble. © Séverine Cattiaux

C’est la ren­trée ! Alors que les enfants des classes mater­nelles et élé­men­taires sont de retour, les per­son­nels muni­ci­paux de Grenoble sont appe­lés à la grève et à se rendre ce mardi 1er sep­tembre sur le par­vis de l’Hôtel de ville.

Un avis de grève cosi­gné par la CFDT, la CGT, FO, Solidaires sud, ainsi que la CFTC. L’intersyndicale attend ainsi une forte mobilisation :

« Il ne s’a­git pas de défendre des inté­rêts indi­vi­duels mais le Service public et l’a­ve­nir des enfants », sou­ligne un syn­di­ca­liste de la CGT.

Large appel à la grève

Les syn­di­cats et un cer­tain nombre d’a­gents dénoncent un sous-effec­tif géné­ral du per­son­nel dans les écoles, entraî­nant de leur avis une dégra­da­tion de la qua­lité du ser­vice public. Tous les agents sont donc a priori concer­nés par la grève : les agents ter­ri­to­riaux spé­cia­li­sés des écoles mater­nelles (Atsem), les agents d’en­tre­tien, ainsi que les ani­ma­teurs du périscolaire.

Si les reven­di­ca­tions ne datent pas d’hier, le conflit a vrai­ment démarré en mai. « Nous avons ren­con­tré les syn­di­cats et nous avons fait des pro­po­si­tions qui seront dans notre Plan école, pro­chai­ne­ment voté », assure Fabien Malbet, adjoint délé­gué à l’é­cole et au patri­moine sco­laire. Malgré tout, une grève recon­duc­tible aura bien lieu. Pour ce pre­mier jour de ren­trée, la Ville a pré­féré annu­ler le ser­vice de res­tau­ra­tion au vu des forts risques de perturbations.

18 postes d’Atsem “man­quants”

Première pomme de dis­corde : le « non-res­pect de l’en­ga­ge­ment fait pour la ren­trée 2015 d’a­voir un Atsem par classe », indique l’in­ter­syn­di­cale dans son tract. De quel enga­ge­ment parle-t-elle ? De celui pris en 2012 par la majo­rité de Michel Destot.

Fabien Malbet, adjoint à l’école et au patrimoine scolaire à la ville de Grenoble. © Ville de Grenoble

Fabien Malbet, adjoint à l’école et au patri­moine sco­laire à la ville de Grenoble. © Ville de Grenoble

Cette der­nière avait lancé un plan sur trois ans pré­voyant de créer des nou­veaux postes d’Atsem, avec l’ob­jec­tif que chaque classe de mater­nelle de Grenoble ait “son” Atsem. L’échéance arri­vait à la ren­trée 2015. L’ancienne muni­ci­pa­lité avait prévu un effort de créa­tion d’une qua­ran­taine de postes pour atteindre cet objec­tif. Elle en a fina­le­ment créé moi­tié moins.

La majo­rité d’Eric Piolle a éga­le­ment ouvert vingt postes : neuf à la ren­trée 2014 et onze pour celle de 2015. Restent dix-huit classes sans Atsem, car « dix-huit nou­velles classes ont été ouvertes entre temps, du fait de la démo­gra­phie sco­laire dyna­mique que l’ancienne majo­rité n’avait pas pré­vue », tacle Fabien Malbet. « Ce qui est clair, c’est que le bud­get Éducation Jeunesse est bien une prio­rité pour notre majo­rité. C’est le seul bud­get qui aug­mente alors que l’on avait prévu une masse sala­riale constante ».

Un Atsem par classe : pos­sible ou pas ? 

Pour Fabien Malbet, il est bud­gé­tai­re­ment impos­sible de créer davan­tage de postes pour cette ren­trée. Et l’ad­joint de rap­pe­ler les réduc­tions dras­tiques de dota­tions de l’État. Au pas­sage, il sou­ligne aussi que, dans la fonc­tion ter­ri­to­riale, les Atsem ne sont pas affec­tés “par classe” mais que cette caté­go­rie de per­son­nels s’organise en équipe. « Les grandes sec­tions de mater­nelle n’ont pas besoin for­cé­ment d’un Atsem à temps complet. »

Le mouvement de grève des agents des écoles à Grenoble, signalé devant l'école primaire Bajatière. Crédit Séverine Cattiaux

Annonce de la grève devant l’é­cole Bajatière. © Séverine Cattiaux

Alain Ziegler, syn­di­ca­liste à la CGT, pense au contraire qu’un Atsem par classe est tout à fait sou­hai­table et pos­sible : « D’autres villes y par­viennent. Ce ne sont pas des élu­cu­bra­tions de syn­di­ca­listes. C’est la col­lec­ti­vité édu­ca­tive qui recom­mande un Atsem par classe. La muni­ci­pa­lité de Grenoble ne peut se défaus­ser sur l’État. C’est elle qui décide de son bud­get et fait donc ce choix. »

Fabien Malbet se veut pour­tant ras­su­rant : « On n’a pas aban­donné l’ob­jec­tif d’un poste d’Atsem par classe. Petit à petit, on va com­bler l’é­cart. C’est ce que l’on a expli­qué aux repré­sen­tants syndicaux. 

D’ici 2020, cin­quante classes – dont plu­sieurs en pri­maire – auront été créées par la Ville. Il y aura donc néces­sai­re­ment des créa­tions de postes ». Cet enga­ge­ment serait-il de nature à apai­ser la colère des syn­di­cats ? Apparemment pas…

Des Atsem « moins bien remplacés »

Deuxième pomme de dis­corde qui motive la grève de cette ren­trée : « la baisse du taux de rem­pla­ce­ment des Atsem ». Comprendre par là que, dans les écoles ayant désor­mais autant d’agents que de classes, le rem­pla­ce­ment d’un Atsem en arrêt mala­die se fera moins rapidement.

Fabien Malbet, Elisa Martin et Eric Piolle © Ville de Grenoble

Fabien Malbet, Élisa Martin et Eric Piolle © Ville de Grenoble

« Nous avons bien dis­cuté de ce point avec les syn­di­cats : ça s’ap­pelle un peu de bon sens ! On pré­fère mettre des Atsem à temps plein, le maxi­mum de l’an­née, et avoir un pro­to­cole de rem­pla­ce­ment qui soit réduit sur ces écoles-là ! », estime Fabien Malbet. En revanche, le « pro­to­cole de rem­pla­ce­ment » reste tou­jours aussi rapide, c’est-à-dire sous 48 heures maxi­mum – sou­vent bien moins dans les faits – pour les écoles n’ayant pas un Atsem par classe.

Ménage « allégé » dans les écoles

Autre mau­vaise nou­velle, selon les syn­di­cats : le nombre total des heures de ménage dans les écoles baisse à comp­ter de cette ren­trée. La Ville fera moins sou­vent appel aux per­son­nels non titu­laires. En contre­par­tie, elle demande aux agents d’entretien de net­toyer « de manière plus ration­nelle ».

« On nous dit que les écoles n’ont pas voca­tion à être aussi bien net­toyées que les hôpi­taux. La Ville assume la dégra­da­tion de l’accueil dans les écoles ! », s’in­surge Alain Ziegler qui n’en revient pas, « alors que les enfants traînent par­tout dans les salles de classe ». Fabien Malbet se jus­ti­fie : « Le pro­to­cole de net­toyage était de très haut niveau. On l’al­lège. S’il y a des retours de la part des usa­gers, que les agents nous les fassent remon­ter : nous assu­me­rons nos choix auprès des per­sonnes ».

Pour faci­li­ter le confort des enfants, des usa­gers et le tra­vail de l’en­tre­tien par les agents dédiés, la Ville s’engage néan­moins à pour­suivre la réno­va­tion des écoles anciennes, au moins à la même hau­teur que cette année.

« Il faut que les per­son­nels nous fassent confiance »

Dans l’esprit, tou­jours, de ratio­na­li­ser les dépenses, le rem­pla­ce­ment des agents d’entretien absents sera éga­le­ment moins rapide. Il fau­dra ainsi attendre au moins huit jours d’ab­sence avant qu’il y ait rem­pla­ce­ment. « Ce sont les autres agents qui comblent le vide. L’emploi qu’on pré­ca­rise… », dénonce le syndicaliste.

« Je ne remets pas en cause le fait que les per­sonnes qui tra­vaillent sont inquiètes, tem­po­rise Fabien Malbet. Ce qu’on leur dit c’est qu’on leur fait confiance. Il faut qu’ils nous fassent confiance et qu’on avance au fur et à mesure des moyens. »

Séverine Cattiaux

Séverine Cattiaux

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

Palais de justice de Grenoble. © Joël Kermabon - Place Gre'net
Meurtre d’une jeune Lyonnaise dans le Val d’Aoste : le sus­pect, jugé à Grenoble, accepte son extra­di­tion vers l’Italie

EN BREF - Le jeune Italien de 21 ans soupçonné d'avoir tué sa compagne, une jeune Lyonnaise de 22 ans retrouvée morte poignardée le 5 Lire plus

Le groupe Zoufris Maracas. © Nicolas Baghir
Festival Magic Bus 2024 : une édi­tion sous le signe de l’i­ti­né­rance dans huit lieux de l’ag­glo­mé­ra­tion grenobloise

ÉVÈNEMENT - La 23e édition du festival Magic Bus organisée par l'association Retour de scène aura lieu du 27 avril au 4 mai 2024 à Lire plus

Alouette des champs. © Christian Aussaguel
Auvergne-Rhône-Alpes : la LPO alerte sur la « dis­pa­ri­tion inquié­tante » des oiseaux des milieux agricoles

FLASH INFO - La LPO Auvergne-Rhône-Alpes s'alarme, dans un communiqué publié le 9 avril 2024, de la "disparition inquiétante" des oiseaux des milieux agricoles. Un Lire plus

Alpes Insertion conteste vivement le reportage (et ses méthodes) de Cash Investigation à son endroit
Alpes Insertion conteste vive­ment les pro­pos tenus dans le repor­tage de Cash Investigation

DROIT DE SUITE - Après un reportage accablant de Cash Investigation sur Fontaine Insertion en janvier 2024 et un rassemblement syndical devant ses locaux en Lire plus

Mobilisation pour des aménagements sécurisés. Crédit Collectif pour l'aménagement cyclable de la Combe de Gières
Piste cyclable dans la combe de Gières : les élus éco­lo­gistes du Département sou­tiennent la péti­tion citoyenne métropolitaine

FLASH INFO - Le groupe Isère écologie et solidarités (IES) au Département a appelé, jeudi 18 avril 2024, à signer la pétition citoyenne métropolitaine pour Lire plus

Échirolles : un bus de la Tag tou­ché par plu­sieurs tirs d’arme à feu, les conduc­teurs exercent leur droit de retrait

EN BREF - Un bus de la ligne C7 a été visé par plusieurs tirs d'armes à feu au niveau du terminus Comboire, à Échirolles, Lire plus

Flash Info

Les plus lus

Agenda

Je partage !