REPORTAGE – Les parents d’élèves de l’école maternelle Bajatière tirent la sonnette d’alarme. Face aux sureffectifs dans l’école maternelle, ils réclament l’ouverture d’une quatrième classe et un mi-temps supplémentaire d’agent spécialisé. Des revendications vaines pour l’heure.
Les parents de l’école maternelle Bajatière ont décidé de frapper un bon coup, en manifestant leur mécontentement lors de la kermesse de l’école, ce vendredi 12 juin 2015. La raison de leur colère ? La confirmation que le demi-poste d’agent territorial spécialisé des écoles maternelles (Atsem) leur est refusé pour la rentrée, alors que l’école fonctionne avec seulement 2,5 agents pour trois classes.
La goutte d’eau fait déborder le vase. Car les parents ne supportent plus les sureffectifs dans les classes. Pas étonnant, dès lors, que ceux présents à la fête de l’école, vendredi 12 juin dernier, se soient tous montrés solidaires de ce mouvement de protestation. “Économies mal placées = enfants sacrifiés”, pouvait-on ainsi lire sur une pancarte orange.
Depuis plusieurs années, la rengaine revient à la rentrée. « Plus ça va, plus on revient vers des effectifs qui sont énormes », témoigne une maman excédée. Sa fille, en maternelle, partage ses journées d’école avec 31 autres élèves.
Bien que celle-ci ne reste ni à la cantine, ni à la garderie du matin ou de l’après-midi, la maman la trouve particulièrement fatiguée : « Certains soirs, ma fille s’endort à 17 h 30 parce qu’elle est crevée. Pour moi, c’est un signe directement lié au sureffectif… 27 ou 28 enfants par classe, ce serait largement suffisant. Et pour l’égalité des chances, ce serait plus juste. »
Situation ubuesque
Il y a quelques semaines, les parents d’élèves apprenaient que – rebelote – la classe de petite section de la rentrée prochaine serait archi-pleine…
Ils entreprenaient alors des démarches pour obtenir l’ouverture d’une nouvelle classe en maternelle pour la rentrée. Une demande qui leur paraît frappée au coin du bon sens au vu de la densification du quartier ces dernières années.
De fait, dix enfants ont déjà été refusés pour la rentrée prochaine, tout comme les regroupements de fratrie, faute de places.
La situation devient ubuesque : certains parents, riverains de l’école Bajatière, devront emmener leur progéniture dans l’école du quartier voisin. « On est déjà suffisamment “speed” tous les jours lorsqu’on amène nos enfants. S’il faut encore qu’on fasse une distance en plus, alors qu’il y a une école juste à côté, je trouve ça inadmissible », poursuit la mère de famille.
Pour l’ouverture d’une quatrième classe
Les parents délégués ont pris contact avec la mairie et l’inspectrice d’académie ayant les pouvoirs d’ouvrir cette fameuse quatrième classe. Après quelques réunions, explications et une pétition, leurs démarches sont restés infructueuses. « Fabien Malbet [adjoint municipal École et Patrimoine scolaire, ndlr] et l’inspectrice se renvoient la balle !, rapporte le comité. Et l’inspectrice n’a pas voulu nous rencontrer. Elle nous évite : elle nous a même indiqué qu’elle serait absente lors de notre dernier conseil de classe. »
Mais où installer cette quatrième classe ? La solution semble toute trouvée, à en croire les parents : l’école primaire Bajatière. Située à une cinquantaine de mètres de la maternelle, celle-ci dispose en effet de locaux vides. Une solution non retenue pour l’heure… « La mairie fait mine de répondre à nos demandes, déclare le comité. Elle nous fait surtout miroiter beaucoup de choses ». Aurait-elle donc un plan B pour alléger les classes dès septembre prochain ? La question reste en suspens.
En attendant, nombre de parents partagent le sentiment que leur école est « oubliée, abandonnée », sous prétexte que « sa situation fait partie des “moins pires” à Grenoble ». Le ras-le-bol des sureffectifs est tel que « les gens se disent “tant pis, on va dans le privé” », remarque une déléguée des parents d’élèves.
LC et SC
Fabien Malbet, adjoint à l’École et au Patrimoine scolaire :
« Sur Bajatière, nous travaillons à un renfort d’Atsem »
A Grenoble, les tensions liées aux effectifs dans les écoles touchent l’ensemble des quartiers de la ville et remontent à plusieurs années. Devant les Grenobloises et les Grenoblois, nous avons pris l’engagement d’activer tous les leviers à la disposition de la Ville pour contribuer à résoudre cette urgence, particulièrement pénalisante pour un grand nombre d’enfants et leurs familles.
C’est pourquoi nous prévoyons de créer entre 40 et 50 classes d’ici l’horizon 2020.
De plus, cette année, nous proposons de créer 4 postes supplémentaires d’agents territoriaux spécialisés en école maternelle (Atsem). En effet, à Grenoble, 17 écoles maternelles accueillent plus de 28 élèves par classe et 4 sont au-dessus de 30 élèves par classe dont l’école maternelle Bajatière.
« Les postes d’Atsem ne sauraient pallier le manque d’enseignants »
Nous travaillons dans le cas de l’école maternelle Bajatière à un renfort d’Atsem. Est-ce suffisant ? Non, car les postes d’Atsem ne sauraient pallier le manque d’enseignants. En effet, l’Isère est historiquement en manque de professeurs des écoles, comparée aux autres départements malgré des dotations positives.
De plus les disparités territoriales entre les zones rurales et urbaines font directement subir aux villes comme Grenoble la conséquence de seuils d’ouvertures / fermetures en maternelle de 32 élèves par classe, inacceptables pour les élèves, les enseignants et les familles.
Aux côtés des parents d’élèves mobilisés, nous continuons de demander à l’Éducation nationale de doter l’agglomération Grenobloise à la hauteur des besoins. Pour sa part, compte tenu de ces urgences et malgré des contraintes budgétaires très violentes, la municipalité considère les écoles comme l’une des priorités fortes du mandat.
N.B. : L’article a été complété dimanche 14 juin 2015 avec les précisions de Fabien Malbet.
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