Les économistes ont mauvaise réputation. A juste titre. On ne comprend rien à leurs explications, la réalité n’est pas conforme à leurs modèles, leurs prédictions sont fausses, et ils ne sont jamais d’accord entre eux. Pourtant, les économistes s’emploient à faire croire que leur discipline – la Science économique – est une véritable science, une science dure, une science exacte. Sous couvert, très souvent, d’un usage exubérant des mathématiques…
Cette impression de malaise vis-à-vis de l’économie, je l’ai eue aussi lorsque j’étais sur les bancs de l’université. Peu importe le réalisme des hypothèses, ce qui compte, c’est la cohérence du modèle et le réalisme des conséquences, nous disait-on, dans le sillage du pape de l’économie néoclassique de la fin du XXe siècle, Milton Friedman.
Heureusement, j’ai vite appris, grâce à l’ouverture d’esprit et à la passion de certains de mes professeurs, que tout ceci n’était qu’une vile posture. La rencontre avec l’économiste iconoclaste Bernard Maris, la lecture de ses ouvrages et chroniques, n’ont fait que renforcer cette conviction.
Vous avez dit économie ?
L’économie n’est pas une science exacte. L’être humain n’est pas un homo œconomicus, un être rationnel, un automate qui optimise systématiquement ses choix pour un maximum de gains. L’économie n’est pas l’affaire d’équilibres. En réalité, cela, je le savais depuis mon enfance, vécue, pour partie en Afrique. L’informel, l’irrationnel, l’incertain, bref l’humanité, est partout. Elle explique l’ordre des choses qui nous entoure.
L’économie n’est rien sans l’histoire, la sociologie, la psychologie et surtout la politique. L’économie est politique. J’ai pu le constater à de nombreuses reprises. Par exemple, lorsque j’étais post-doctorant à la Banque centrale de l’Équateur, les économistes du département de recherche m’ont expliqué pourquoi le remplacement de la monnaie nationale par le dollar américain devait plus à la construction d’un compromis politique en Équateur qu’à des raisons purement économiques.
Aujourd’hui, à mon tour, je transmets cette vision de l’économie sur les bancs de la fac. A l’université, en France et à l’étranger, en école de commerce, dans des instituts de science politique. Mais aussi, en dehors de la fac, avec le collectif des Économistes atterrés, dans la perspective de contribuer au débat citoyen.
Pourquoi un blog économie sur Place Gre’net ?
Ce blog a un triple objet :
• Décrypter l’actualité économique ;
• Expliquer des concepts ou théories économiques avec des termes simples ;
• Fournir des clés pour comprendre le monde économique qui nous entoure.
Attention ! La démarche n’est pas aisée. Le lecteur devra accepter, parfois, de remettre en question certaines de ses propres certitudes. Car, comme le disait le grand économiste John Maynard Keynes, « la difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux idées anciennes ». L’économie n’est pas une science exacte, on vous dit !